Ondine Hingant tient la Chronique de la mer depuis quelques mois sur une radio locale à Saint-Malo!
Chronique de la Mer #4 : L'apnée
"Bonjour à tous,
Je suis Ondine Hingant, Biologiste marin, créatrice des cosmétiques O'dicy, et je vous retrouve aujourd'hui pour la chronique de la mer!
Aujourd'hui je vais vous parler d'une activité particulière, que j'ai pu découvrir le week-end dernier à Belle-Ile en mer. Un stage d'apnée et de Yoga!
Une pratique accessible à tous, qui nous connecte à l'océan, et qui reconnecte à soi aussi.
Vendredi je suis donc partie depuis St-Malo en direction du Morbihan!
Me voici à Belle-ile en mer, prête à prendre 3 jours pour découvrir cette ile, ses fonds marins, et m'initier à une pratique qui m'attire depuis longtemps !
Alors en quoi consiste l'apnée?
Cette discipline sportive, rigoureuse et complète nécessite une bonne santé et une bonne hygiène de vie, et demande d'associer le mental au corps. Il faut pouvoir maitriser son hydrodynamisme pour optimiser la descente et la remontée, sa compensation au niveau des oreilles, son palmage, se retenir de respirer.
En tant que plongeuse bouteille, c'est une approche très différente, qui nécessite de vraiment lier son corps et son esprit. En plongée sous-marine, on a toujours de l'air pour respirer, pour compenser. On peur descendre à 60 mètres et continuer de respirer de l'air sans se soucier, plus ou moins, de savoir si on en a assez. Pratique tres intéressante car elle permet de rester longtemps sous l'eau et de pouvoir découvrir les fonds marins en prenant son temps. Mais c'est une pratique plutot tournée vers le technique, et peu vers le corps et l'esprit. C’est une pratique aussi qui a ses limites: un matériel lourd, des paliers de décompression à respecter, et un schéma de plongée assez contraignant.
En apnée, plus on descend, plus on ressent la pression de l'eau sur notre corps, nos organes, nos oreilles, et il faut apprendre à gérer ces nouvelles sensations en utilisant l'air stocké dans nos poumons. Uniquement cet air là. C'est une sensation difficile à appréhender.
C'est pourquoi l'apnée demande aussi de se connecter à son esprit, à son mental.
On apprend à se faire confiance, à ne pas douter de ses capacités. On apprend à repousser ses limites, pour aller un peu plus loin, un peu plus profond.
Lucille nous enseigne les techniques, les étapes pour pouvoir s'immerger en toute sécurité et selon nos limites et nos envies.
Il y a différentes motivations à découvrir l'apnée de manière un peu plus approfondie.
Tout d'abord pour la pratique sportive pur. C'est un sport qui demande de la rigueur et de bonne aptitudes globales. Elle se pratique d'ailleurs beaucoup en piscine pour améliorer ses performances physiques.
Ensuite on peut pratiquer l'apnée pour la performance. Celle de descendre le plus profond, ou de rester le plus longtemps possible en statique. C'est d'ailleurs le premier exercice que nous avons fait en piscine, celui de rester le plus longtemps en apnée statique, c'est à dire sans bouger, juste retenir sa respiration. Cela permet de connaitre ses capacités, et de pouvoir se faire confiance une fois immergé dans l'eau, quand on essaye de rejoindre le fond.
L'apnée peut aussi se pratiquer pour la chasse sous-marine évidement, pour augmenter ses capacités à chasser.
Mais c'est aussi une pratique qui peut se faire pour trouver plus d'aisance dans l'eau, pour pouvoir explorer les fonds marins avec plus de liberté, avec plus de maitrise. C'est cette dernière motivation d'ailleurs qui est la mienne.
Afin de compléter l'approche dans l'eau, nous avons pratiqué le yoga intensément durant ces 3 jours. Notre instructeur nous a appris à respirer, plus profondément, en conscience, vider l'air au maximum, et re-remplir ses poumons, pleinement, sans forcer, avec de l'air pur. Il nous a appris à nous étirer pour offrir plus d'espace à l'air pour qu'il vienne se glisser dans notre dos, sous nos épaules, sous nos aisselles. Il nous a enseigner comment se recentrer sur soi-même grâce à les respirations Ujjayi, et pranayama, des respirations calmantes et profondes, indispensables à pratiquer et à maitriser avant de s'immerger.
Ce que l'apnée m'a apporté en plus c'est d'apprendre à se faire confiance. La pratique de l'immersion libre était une vrai découverte pour moi. Une bouée avec un câble lesté qui descend à 15 ou 20 mètres, larguée au milieu de rien. Une approche très différente de l'exploration des côtes, près des roches, où l'on voit le fond, là où il y a beaucoup de vie, des algues, des poissons, des crustacés, etc. Celle qu'on a l'habitude de pratiquer en exploration ou lorsqu'on chasse.
Difficile à vrai dire d'appréhender cette eau froide et sombre, de descendre au fond de l'eau le long de ce câble, seul, vers un objectif qui n'est pas visible depuis la surface, avec du courant et du clapot en plus!
Cela demande de se faire confiance et faire confiance en ses capacités, de ne pas douter.
Si tu doutes, tu fais demi tour. L'idée étant quand meme d'atteindre le but que tu t'es fixé, sans forcer, petit à petit.
Alors j'ai fermé les yeux. J'ai fais de mon corps et de mon esprit une entité unie. Je n'ai pas réfléchi à si j'allais manquer d'air, à savoir quand est ce que l'objectif allait arriver, à regarder où j'allais. J'ai juste fermé les yeux, et je me suis fait confiance.
Apres quelques respirations calmantes, enseignées par Jean-Jacques, notre professeur de Yoga, j'ai pris une grande inspiration abdominale, qui remonte dans le côtes puis au niveau des épaules (...), j'ai compensé mes oreilles, palmé un bon coup pour faire mon canard, et j'ai plongé, les mains en avant. Fermer les yeux. rentrer la tete. Ne pas penser. Accepter le silence. Se faire confiance et continuer de palmer le long de ce cable par lequel je suis retenue par une longe, fil d'ariane qui m'empêche de partir avec le courant. Et puis j'ai sentie, la pression qui augmente petit à petit, qui écrase mes tympans, écrase mon masque sur mon visage. Je décompresse, souffle un peu d'air par le nez pour décoller un peu mon masque. Je sens l'eau qui s'assombri. Je continue et puis je me sens tomber. Je n'ai plus besoin de palmer pour descendre, la pression de la colonne d'eau au dessus de moi fait son travail. Je sens l'eau froide aussi qui effleure mon visage et qui rentre un peu dans ma combinaison. J'ai dépassé la thermocline, cette limite entre les eaux chaudes de surface et les eaux froides plus profondes, deux masses d'eaux distinctes qui ne se mélangent presque pas. Encore une peu et je sens qu'il est temps pour moi de m'arrêter de descendre. Je n'ai pas atteint le bout du cable, à 20 mètres, mais ce n'était pas l'objectif. Je suis bien, dans cette eau froide et trouble, seule avec le silence, j'apprécie d'être la. Seulement quelques secondes car il faut remonter.
La remontée est galvanisante. La lumière est de plus en plus claire. Palmer au début pour sortir de la zone de montée negative puis ralentir, onduler lentement son corps pour donner l'énergie suffisante pour remonter. Je sors la tete de l'eau, je respire, 3 inspirations et 3 expirations rapides pour redonner de l'air et des molécules d'oxygène à mes poumons, et j'indique à mon binome que tout est ok.
J'ai réussis à vivre l'instant présent pleinement, à me faire confiance et à repousser mes limites. Je n'ai qu'une envie, y retourner!
L'apnée est plus qu'un sport, plus qu'une méthode pour s'immerger sous l'eau. C'est une pratique complète, enrichissante, entière, accessible à tous, et que j'avais envie de partager avec vous aujourd'hui dans cette chronique de la mer!
Et si vous aussi vous voulez découvrir cette discipline, jetez un oeil du coté de la structure de Jean-Jacques et Lucille, YOGAPNEE et n'hésitez pas une seconde pour plongez dans cette univers unique!"
Crédit Photos: Lucille Saliou Yogapnée
La Chronique de la Mer d'Ondine: Retrouvez ici les différents épisodes !
Chronique de la Mer #1: Les Grandes Marées - Podcast audio
Chronique de la Mer #2 : Les bienfaits de l'eau de mer - Podcast audio
Chronique de la Mer #3: Les petits gestes pour ne pas polluer en bateau - Podcast en vidéo
Chronique de la Mer #4: L'apnée - Podcast en Vidéo